Estancia Morro Chico
L’estancia Morro Chico est située aux confins de la Patagonie argentine, près de la frontière sud avec le Chili. Son histoire se confond avec la saga des premiers colons de la région. Elle fut fondée par un immigrant écossais arrivé aux îles Malouines à la fin du XIXe siècle et qui, comme tant d’autres, aborda le continent par la ville chilienne de Punta Arenas. Au début du siècle dernier, elle joua un rôle prépondérant lors du célèbre “gran arreo” au cours duquel 5’000 moutons parcoururent plus de 2’000 kilomètres à travers la pampa, afin de peupler les vastes étendues de terres que le gouvernement national avait accordées aux colons.
Un siècle plus tard, les descendants de la même famille écossaise se sont attelés à un ambitieux projet visant à rénover et à compléter les installations du site. Leurs objectifs étaient nombreux : préserver le patrimoine naturel, construire de manière durable, optimiser la production de laine et de viande, et améliorer la qualité de vie de ceux qui vivent et travaillent dans l’estancia.
C’est dans ce but qu’un projet et un plan directeur ont été élaborés pour la réalisation des travaux qui ont commencé en 2015 et se sont achevés en 2019. Ceux-ci comprenaient de nouvelles constructions telles qu'un hangar modèle pour la tonte de moutons (situé à quelques kilomètres du bâtiment principal), un entrepôt pour les machines et le stockage, un pavillon destiné au logement du personnel, et une maison pour la famille. La plupart des bâtiments existants (à l'exception de ceux qui étaient en très mauvais état) ont été rénovés afin de répondre aux besoins de confort du personnel et de leur famille ainsi que des invités.
L’ancien hangar à tonte, qui avec ses constructions annexes se trouve dans une zone distincte, a été restauré de façon à préserver son caractère d’origine. Toujours en fonction, il est un témoin de l’histoire de la région.
L’organisation du bâti reprend et réinterprète le modèle du hameau compact, caractéristique des estancias de la région, dans lequel les constructions utilitaires et les logements sont groupés pour atténuer les rigueurs du climat et créer des lieux accueillants dans le désert de Patagonie.
Le système de construction industrialisée en bois et métal, habillée de tôle ondulée, ne diffère pas beaucoup de celui qui était utilisé par les pionniers de la région
et répond aux mêmes contraintes logistiques et de pénurie de ressources locales rencontrées au siècle dernier.
Le système constructif choisi est cohérent avec le concept énergétique proposé. De ce fait, les constructions chauffées, existantes ou nouvelles, ont été correctement isolées. Toutes sont recouvertes de la même tôle ondulée et se confondent ainsi entre elles, unifiant l’aspect extérieur de l'ensemble.
L’esthétique générale du projet s’inspire de l’architecture traditionnelle de la région, qui fait preuve d’une extrême austérité et d’une simplicité presque primitive, inscrite dans l’immensité du désert de Patagonie. Le langage architectural de chacune des pièces de l’ensemble développe des variations formelles sur le thème du hangar en tôle, selon la fonction et le caractère des différentes constructions, depuis les formes les plus simples - comme celles du hangar à tonte - jusqu’aux formes plus complexes comme celles de la maison familiale.
Ces déclinaisons formelles s’accompagnent de contrastes au niveau des matériaux, entre la chaleur du bois, qui prédomine à l’intérieur et que l’on peut découvrir à l’extérieur dans différentes proportions, et la sévérité du métal ondulé qui caractérise l’aspect extérieur.
La présence du bois est importante dans la maison familiale, et sa proportion décroît progressivement à mesure que le caractère utilitaire des constructions augmente, jusqu'à disparaître complètement dans le hangar à tonte.
Un chapitre important des améliorations concerne l'introduction de systèmes de production d’énergie propres et renouvelables. Grâce à l'installation de panneaux solaires et d'éoliennes, à la mise en fonction d'une chaudière alimentée par le bois provenant des forêts environnantes et par l’apport complémentaire de gaz en bouteilles, l'utilisation historique de charbon provenant des gisements voisins de Río Turbio a pu être abandonnée.